Article publié depuis Overblog

Publié le par Sandra GOURJON

Atelier du 23 mars 2015 - La création du monde. Imaginer une suite au début de la nouvelle "la création" de Dino Buzzati :

…..L’ ingénieur tira d’une espèce de porte-document une feuille sur laquelle était représentée une sphère, sphère verte, jaune et bleue avec des zones d’ombre juxtaposées à d’autres plus éclairées. A côté de ce croquis, des équations étranges faites de nombres et de lettres se succédaient les unes sous les autres, de savants calculs sans doute…

« _ Voilà ce qu’a imaginé un géomètre de mon équipe : il a choisi une des planètes que vous avez créée et l’a nommée : » LA TERRE ».

Il a décidé de la rendre vivante.

_ mais qu’est-ce donc que toutes ces couleurs ?

_ ce sont des éléments différents que l’on appellera plaines, montagnes, déserts,fleuves, rivières, mers et océans….

_ Ah bon !!! et à quoi vont servir toutes ces nouvelles « choses » ?

_ et bien une partie de mon équipe pense qu’avec tous ces éléments naturels, une animation va se créer.

_ une animation !! mais qu’entends-tu par là ? »

Au fur et à mesure que la discussion se prolongeait et que le ton montait, d’autres personnes s’approchaient des deux protagonistes pour les écouter attentivement.

L’ingénieur continua son propos :

« _ Et bien, on peut imaginer que dans cette partie jaune, très sèche, viendront habiter des sortes d’animaux ; les uns avec une crinière énorme autour de la tête, d’autres dont la fourrure

sera striée de deux couleurs différentes, d’autres encore dont le long cou sera prolongé par une toute petite tête et dont le corps porté par deux longues pattes sera recouvert de plumes noires etc….. »

A c e moment-là, une partie de l’esprit architecte l’interrompt :

« _ C’est une bonne idée, d’accord, mais s’il n’y a rein dans cette région, comment vont survivre ces drôles d’animaux ?

_ Oh, rétorqua l’ingénieur, ces bêtes ne sont pas toutes égales en force et en puissance ; certaines serviront de nourriture aux autres et puis on a imaginé qu’ils pourront se reproduire, comment, on ne sait pas encore,mais on a commencé nos recherches à ce sujet….

_ ah ! et sur les parties colorées différemment, qu’y voyez-vous ?

_ et bien les parties vertes ne sont pas plates ; il y a de très hauts sommets qui pourront presque toucher les étoiles ; ces parties vertes seront aussi traversées par un élément dont on a imaginé le nom , très court, en arrondissant notre bouche : O (EAU). Alors, dans ces contrées , vivront d’autres animaux, dont certains bien étranges, qui,- et je le vois bien quand je me projette dans très, très longtemps-_vont passer de la position à quatre pattes pour, petit à petit, se redresser puis ils vont pouvoir communiquer d’abord par des grognements puis par des paroles articulées. La vie de tous ces animaux dans ces régions vertes sera plus facile que celles des habitants des zones jaunes : en effet cet élément capital – l’eau- va permettre l’apparition d’espèces nouvelles qui ne sont pas des animaux, espèces soit grandes et feuillues soit plus petites ,multicolores et parfumées, soit comestibles…. Bref, vous voyez on a pensé à une foule de détails mais on en a sans doute oublié… »

A ce moment- là de la discussion,des cris de stupéfaction et de colère s’élevèrent :

« - Comment osez-vous ? vous vous rendez compte ? Que ce soit dans les zones jaunes ou vertes, vous avez créé des êtres différents ; des forts et des faibles, des comestibles ou pas, des êtres dont la vie ne sera pas du tout la même selon l’endroit où ils habiteront !!!! Bien sûr, l’idée de départ – peupler cette sphère, la rendre vivante – tenait du génie mais avez-vous pensé à ce que vont engendre toutes ces différences ? Pensez-vous que les êtres faibles vont toujours se résigner à être dominés, sans se révolter ? »

En entendant ces propos, l’ingénieur de l’esprit architecte resta interloqué ; et oui, une partie de son équipe et lui-même avaient occulté ce que les différences entre les formes de vie sur cette sphère allaient procurer. Mais personne ne put résoudre ces graves problèmes pourtant si capitaux. Bien sûr, aujourd’hui, nous savons que nous tous, êtres vivants, nous appartenons à la même chaîne alimentaire, qu’aucune espèce n’est supérieure aux autres, que nous avons tous besoin les uns des autres….

Mais toutes les graves injustices liées aux différences sont loin d’être résolues et même pour certains d’entre nous leur rendent la vie insupportable voire impossible…..

Annie Hocquette

Publié dans Ateliers d'écriture

Commenter cet article